Incroyable légèreté
L’incroyable légèreté de M. Benkirane
« عفى الله عن ما سلف، ومن عاد فينتقم الله منه.” هذه فلسفتي في القضاء على الفساد، وأعتز بها” »
(« “Dieu pardonne ce qui est passé, et si quelqu’un récidive, Dieu se vengera de lui” Telle est ma politique de lutte contre la corruption, et j’en suis fier »)
Voila donc ce qu’a déclaré le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane, citant un verset du Coran (Al Ma’ida, 95), sur Al Jazeera le 25 juillet 2012.
En soi, permettre à ceux qui ont pillé les caisses de l’Etat de s’en sortir à si bon compte est choquant. Difficile d’instaurer la culture de la reddition des comptes quand on amnistie d’emblée tous les corrompus…
Mais si on peut être contre l’amnistie générale (c’est mon cas), ce principe n’est pas totalement absurde non plus, et il n’a pas été inventé par M. Benkirane. C’est une politique qui, parfois, dans d’autres pays et d’autres contextes, a donné quelques résultats.
Son principe :
1. Se doter d’un arsenal de « law enforcement » solide, incluant notamment une Justice forte, indépendante et rétive à tout passe-droit;
2. Une fois cet arsenal fonctionnel, c’est-à-dire prêt à être mis en branle instantanément et de manière implacable, annoncer l’amnistie générale assortie d’une politique ferme de zéro tolérance à partir du moment où l’amnistie est prononcée;
3. A partir de ce même moment, se tenir prêt à punir tout nouveau contrevenant avec rapidité, sévérité, et sous médiatisation maximale. Objectif : faire des exemples marquants très vite, pour démontrer à l’opinion que l’amnistie était une mesure de réconciliation et d’apaisement social, pas une marque de faiblesse de l’Etat.
On le voit, l’amnistie générale est une pratique qui a ses règles, et sa logique. On ne peut la prononcer sans y être solidement préparé.
Or, qu’a fait le chef du gouvernement marocain ? Il a décrété l’amnistie générale, comme ça, au détour d’une interview, avec pour unique argument… un verset du Coran ! Ce qui ne peut fonctionner qu’en tant de politique d’Etat mûrement réfléchie et minutieusement préparée est devenu, dans la bouche de M. Benkirane, une figure rhétorique—pire, un happening oratoire—à connotation religieuse.
L’interviewer d’Al Jazeera n’en croyait pas ses oreilles. Il a interrompu le chef du gouvernement, insistant sur le fait que le Maroc était « le seul pays de la région à adopter la politique de l’amnistie générale ». On aurait pu croire qu’en entendant cela, M. Benkirane allait se réveiller, réaliser soudain que l’amnistie générale est bien « une politique », et non une formule à l’emporte pièce qu’on lâche dans une interview sans en mesurer la portée…
Mais non. Crâner fait aussi partie de la personnalité de notre chef de gouvernement. M. Benkirane a donc persisté, en tordant les plis de sa bouche en signe de défiance méprisante, comme il sait si bien le faire : « Oui Monsieur, c’est dans le Coran : Dieu se vengera ». Message subliminal à tous ceux qui vont critiquer cette saillie : « Quoi, vous ne croyez pas en Dieu ? »
Plus que le principe de l’amnistie (qui demeure discutable même si ses trois règles sont appliquées), c’est l’incroyable légèreté de Abdelilah Benkirane qui m’a réellement choqué. Cet homme se rend-t-il seulement compte de ce qu’il dit ? Réalise-t-il que sa spontanéité gouailleuse, qui a fait son succès quand il était dans l’opposition, est aujourd’hui totalement inappropriée vu la fonction qui est la sienne ?
Quand on est chef du gouvernement, M. Benkirane, on ne dit pas n’importe quoi. Surtout sur un sujet aussi grave que la corruption. Le Maroc a suffisamment souffert de ce fléau, pas besoin d’y ajouter une dose de ridicule.
Ahmed Benchemsi
Ce personnage à mon avis devrait démissionner, et ce le plus tôt possible. Ceci met davantage à jour l’évidence : son parti est dans l’incapacité de mettre sa politique en oeuvre, et il s’en rend compte.
Une amnistie, vous n’y pensez pas sérieusement ?
Et puis quoi ensuite ? Tous ceux qui ont volé, népotisé, conccussioné, détourné, encaissé les subsides de la corruption, s’en tireraient comme cela simplement, libres comme l’air, absous, autorisés à profiter ad vitaem eternam de leurs méfaits passés ? Sans réddition de comptes, sans confiscations, sans amendes, sans peines de prison exemplaires ?
Ce serait à mon sens un camouflet dangereux à la face du peuple, ce serait une remise à zéro simpliste des compteurs, ce serait démarrer la construction d’un nouveau Maroc sur des bases injustes. Mais ce serait aussi priver la collectivité d’une source de revenus potentiels importants pour son développement, car ces biens spoliés à la communauté devraient lui revenir et contribuer à l’édification de ce Maroc moderne que nous souhaitons tous.
Ou alors il faudrait envisager cette amnistie comme les amnisties fiscales précédentes : les personnes désireuses d’être amnistiées devrait déclarer les valeurs concernées par cette amnistie et PAYER à la collectivité un pourcentage significatif de la valeur de ces biens — ce qui viendrait à point nommé pour renflouer les caisses déficitaires et étriquées de notre pays…
D’accord sur toute la ligne.
Excellent article. Je parlais justement à mon père hier de cette legereté qui m’inquiete. Comment peut-on laisser des abus impunis ??
J’espère que Benkirane se ressaisira vite, mais je crains que nous ayons herité de quelque chose de beaucoup plus inquiétant : un Maroc où nous celui qui respecte, et qui se respecte, ne trouve plus sa place dans la société.
C’est vraiment une bonne façon d’encourager les futurs pilleurs. Je crois que c’est très dangereux de tenir ce double discours religieux/politique. Le gouvernement Benkirane a été ferme quand il a décidé de diminuer les subventions à certains produits, ce qui s’est répercuté sur le Marocain moyen. Mais quand c’est une affaire de corruption impliquant des puissants… Dieu “pardonne” ou “se venge” ! Avec quelques prières, Benkirane va envoyer tous les malfaiteurs au bagne !!! Je crois que les Marocains font moins la prière, c’est pour cela que les malfaiteurs vivent traquilles au Maroc. Nous devrions nous intéresser à la manière dont les citoyens des pays développés prient. Ça a l’air d’être plus efficace.
“Dieu se vengera” ??? Sérieusement ?!! A quoi servent donc la police, les procureurs, les juges….? Cela me fait rire et pleurer en même temps. En plus, le chef du gouvernement donne l’impression que tu es un athée si tu ne partages pas son opinion. Ridicule.
“En plus, le chef du gouvernement donne l’impression que tu es un athée si tu ne partages pas son opinion. Ridicule.”
Le chef d’Etat fait la même chose. C’est peut être ridicule, mais c’est très certainement efficace… la liberté de conscience n’existant pas au Maroc.
Benkirane n’est pas derrière les lois qui menacent les apostats au Maroc. Il les exploite en bon politicien.
M. Benkirane renchérit dans le deuxième volet de l’interview accordée à Al Jazeera. Franchement, on se dirige vers une catastrophe s’il n’arrête pas de prendre les Marocains pour des cons.
Je suis aussi scandalisé qu’éffrayé par la personnalité de M. Benkirane. Le comportement et les déclarations à l’emporte pièce de ce personnage ubuesque (chef de parti et premier ministre) sont inacceptables. Je trouve qu’on devrait faire passer des tests psychologiques aux candidats à des postes de cette importance. Qui sait jusqu’où peuvent aller les délires narcissiques ? …
Salut.
Encore faudrait-il que Benkirane ait les prérogatives nécessaires pour décréter l’amnistie générale… En fait, seul le roi peut le faire. Ce qu’il aurait pu faire; c’est déclarer que l’opération prendrait plus de temps qu’il n’avait prévu, et jeter la balle au prochain gouvernement…
Ce Benkirane n’est qu’un clown.
Je suis vraiment choqué par cette déclaration. Il n’a pas été élu pour dire ça, mais plutôt pour agir contre cette corruption. Nous aimerions voir les voleurs du passé et du présent, ces vampires qui ont sacrifié les générations passées et á venir, jugés et condamnés avec une forte médiatisation. M. Benkirane, vous n’êtes pas là pour invoquer Dieu, mais pour appliquer le châtiment des hommes.
Mr Benkirane n’est pas un homme politique, il n’y connait rien et n’a pas la moindre idée de la gouvernance du Royaume…
Alors que l’on attend la mise en place de la nouvelle constitution, il fait des paraboles et sort ses bilvesées…
Il y en a qui parlent et d’autres qui agissent, pour le moment ça parle beaucoup !
La corruption c’est permanent, et Dieu n’a rien à voir dans tout ça.
Appliquez la charte des droits de l’homme, supprimez ces articles du code pénal d’un autre temps, modernisez la société marocaine et intégrez le fait qu’on soit au 21eme siècle. Nous sommes musulmans, certes, mais cela ne veut pas dire que nous devons rester rétrogrades !
Les croisades et l’inquisition sont terminés depuis des siècles, évoluez un peu…
Et le Palais, dans tout ça ? Il me semble que M. Benkirane a été choqué par l’ampleur du fléau au niveau même du Palais. Selon les câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks (nous, on le savait déjà) la corruption s’est institutionnalisée au plus haut niveau de l’Etat marocain. La publication des listes des bénéficiaires des agréments de transport s’est probablement soldée par un rappel à l’ordre du Palais, afin d’arrêter le déballage. Du coup, nous ne saurons rien des autorisations de pêche en haute mer, d’exploitation de carrières et de je ne sais quoi encore… Tout cela démontre l’incapacité du chef du gouvernement à mener un projet jusqu’au bout. Mais il semble s’en accommoder, puisqu’il passe son temps à défendre le Palais à tort et à travers…
Après “عفى االه عن ما سلف، ومن عاد فينتقم الله منه”، (Dieu pardonne ce qui est passé, et si quelqu’un récidive, Dieu se vengera de lui”), Benkirane a ajouté “هذه فلسفتي و انا اعتز بها” (c’est ma philosophie et j’en suis fier)… comme s’il ne représentait que lui-même. Il a juste oublié qu’il représente au moins tous ceux qui ont voté pour son parti. Et tout ce qui a été volé n’appartient pas à sa famille, c’est au peuple d’en juger.
M. Benkirane n’a aucun programme, aucun plan, aucune réflexion ni même idée sur comment redresser le pays, comment lui obtenir un taux de croissance décent, comment améliorer les conditions de vie des Marocains, les nourrir, les soigner, leur redonner espoir…
Du coup, il nous prend pour des cons. Comme on a que ça à faire (dans un pays qui connait chômage, corruption, défaillance du système de santé et du système éducatif, justice arbitraire, taux d’analphabétisme record, etc.), on parle des relations sexuelles hors mariage, des bienfaits du mariage d’une victime mineure avec son violeur, des publicités de jeux de hasard à la télé….
Benkirane n’a pas le droit de rendre ce genre de “jugement” parce que les deniers dilapidés et volés ne lui appartiennent pas. seul le peuple Marocain a le droit de pardonner ces voleurs comme de les juger.
Je suis tombé sur ce lien par hasard en suivant le post d’un ami sur Facebook. La prochaine chose dont je me rendais compte était que j’avais achevé la lecture de l’article et je m’en allais impatiemment à la rechercher de vos autres publications. C’est une vrai soif que vous suscitez, la soif patriotique. Et c’est là le génie de vos articles. Il me semble que toute la démarche d’explications logiques que l’on retrouve dans vos publications interpele l’esprit du marocain, puis, ne s’adressant plus à sa raison, elle alimente le brasier du patriotisme. C’est quand la logique de démarche explicative transcende son cadre logique pour s’adresser à la fougue emotive que l’on se rapproche le plus de l’action.
Vos articles sont des graines plantées dans le coeur des Marocains. Un jour, elles finiront par eclore dans le coeur de tout Marocain fier !
Merci pour ce joli compliment
Nice article Sir. Our chosen Head of the Government is waisting valuable time. We have not seen much since he took office, but one scandal after the other. Mr. Benkirane is probably not aware of the size of some fortunes built on theft and corruption. If proven guilty, they should pay the price and give back everything they stole from whoever — especially the People. Get with the Programme quick, Mr. Prime Minister.
Ahmed, je suis ravi que vous ayez réagi à l’interview de M. Benkirane sur Al Jazeera. Merci et comme à chaque fois, bravo. Votre article m’a inspiré cette réaction à travers laquelle je lance quelques pistes spontanées.
L’ignorance et l’immaturité politique dans lesquelles ont baigné une grande majorité de nos concitoyens ont permis à des charlatans, inspirés par la religion, d’accéder aux plus hautes marches du pouvoir. Mais cela n’est pas une spécificité du Maroc. Les Etats-Unis sous Bush, Israël sous diverses coalitions droite-partis religieux, la Turquie de l’AKP ou encore l’Allemagne sous la CDU, ont tous été gouvernés par des partis ou des leaders plus ou moins inspirés par la religion. Or ces pays sont moins corrompus et beaucoup plus développés que le Maroc.
Ce qui fait la différence, c’est le système de gouvernance, et le rôle qu’y joue le citoyen. Je ne suis pas un adepte de l’auto-flagellation consistant à dire que chaque peuple a les gouvernants qu’il mérite. Se borner à ce constat, c’est accepter la fatalité.
D’un autre côté, même si les citoyens marocains se sont vus promettre monts et merveilles, ils se débattent toujours dans la pauvreté et le sous-développement, sans assistance aucune. Ils ont essayé toutes les tendances politiques, mais aucune n’a rien donné. Maintenant ils essayent la voie de dieu promise par la PJD.
Mais cette voie ne donnera rien non plus si le système de gouvernance n’est pas fondamentalement réformé. Même si on confie la gestion du Maroc aux personnes les plus compétentes du monde, on n’ira pas plus loin que quelques accomplissements non pérennes et non durables. Pour préserver les acquis, il est indispensable de réformer la structure de gouvernance elle-même.
Pour ce faire, nous pouvons nous inspirer de nombreux exemples étrangers — et je ne pense pas au modèle le plus couramment avancé pour le Maroc, celui de la régionalisation espagnole. Je pense plutôt à des pays comme la Suisse dont le multilinguisme, la multiculturalité et la multiconfessionnalité font merveille, alors même que les Suisses n’ont pas de ressources naturelles notables. Mais leurs citoyens ont la parole dans la gestion des affaires publiques, et c’est ce qui fait toute la différence. Nous devons nous inspirer de cet exemple, tout en l’adaptant à notre réalité. Par exemple, la présidence tournante est un point faible du système de gouvernance suisse. Nous, Marocains, n’aurons pas ce problème vu que nous avons un roi qui peut assurer un rôle de modérateur.
Une fois que nous aurons un système qui fonctionne autour de ses citoyens, M. Benkirane ou n’importe qui d’autre n’aura pas de problème à gouverner, dans la mesure où il respectera les lois et sera à l’abri de la tentation totalitaire, religieuse ou autre.
Cher Ahmed,
Il y a des années que ces mots désiraient vous parvenir : vous avez contribué à me redonner confiance en le pays ou je vis car le Maroc ou j´ai grandi, enveloppé de valeurs certaines au quotidien, n´existe plus que dans mon coeur (et, “fortunately”, ces valeurs aussi.) Vous avez respecté mon intelligence, insultée par ailleurs. Pour cela, mes prières vous ont accompagné tout au long de ces années. MERCI! Que la part de Dieu qui vous habite continue de luire, et donc d’éclairer.
Merci pour ce touchant commentaire.
Bien à vous.
Thank you Mr. Benchemsi for shedding a light on this. I hope you’re enjoying your new life in my old stumping ground, the Bay Area.
I’ve watched this interview a couple of weeks ago and didn’t know whether to cry or laugh. The hypocrisy of this loud mouth Benkirane, whom by the way, may have blood on his hands… (let’s not forget Omar Benjelloun’s tragic death in 1975.) Benkirane doesn’t deserve to be head of any government. Moroccans shouldn’t feel proud of having someone like Benkirane representing them. This is a fiasco.
It boggles the mind that in the 21st century we have a head of government bringing God (whatever that might be) religion and non sense rhetoric as his answers, whenever he has no logical response. Also, what is laughable is when he brought the green march as an example of miracles that Morocco is capable of. Those who marched were mostly uneducated, unemployed citizens. They were used as pawns to fulfill a Machiavellian plan that was put together by the biggest con of them all, in order to have the military brass occupied with something else after the tragedies of ’71 and ’72.
There is a rover exploring the surface of Mars as I write these comments, that is a miracle. To mention the green march as a miracle is beyond laughable, it’s lunacy. How many patents does Morocco own? The last time I checked, a few days ago, the answer was 75. The state of California by itself owns hundreds of thousands. And this clown and his lunatics are talking about prohibiting sex between two adults… Unbelievable.
Benkirane and his junta have no power. All of Benkirane’s popularism is nothing but a smoke screen, a show. Welcome to the Benkishow. Moroccans like soap operas. Unfortunately, this one is real and it has a dire and tragic ending. The power is still within a few who continue to rule and sell their goods and services to the 30+ million customers, the Moroccan people.
The tragedy is that with 50% of the popluatiom illiterate, a dismal educational system, lack of respect and dignity, pervasive poverty and Corruption, no robust industry to speak of, brains drainage, coward intellectuals… Morocco is a lost cause. Put a fork in it. Sauve qui peut.
Encore une incroyable legereté: le gouvernement marocain accepte la visite de l’organisation R. Kennedy, connue pour son alliance avec le Polisario. Une telle visite aurait été concevable si le gouvernement avait fait son travail avant, c’est-à-dire s’il avait fait en sorte que la loi soit appliquée à la lettre au Sahara, dans le respet de la dignité humaine. Dans ce cas, on aurait compris que le gouvernement veuille montrer une réalité autre que celle prétendue par les séparatistes. Mais je crois que Messieurs Benkirane et El Othmani devraient aller d’abord visiter le Sahara eux-mêmes pour se rendre compte de la situation.
Nous avons des séparatistes provocateurs certes, mais nous avons aussi une police qui réagit à la provocation de manière émotionnelle et personnelle, sans aucun respect des droits de l’homme ni aucune conscience des enjeux de la situation.
Da manière générale, y a-t-il une quelconque stratégie, ou approche globale pour traiter les problèmes de notre pays ? J’ai l’impression que nous dépensons une énergie inestimable à traiter les symptômes, mais qu’on continue à se voiler la face et à ignorer les vrais problèmes de fond. C’est le cas de la corruption et des abus de biens publics. Nos politiciens ont-ils vraiment une politique ou une roadmap, avec des objectifs définis et atteignables ? Y a-t-il un pilote dans l’avion Maroc ?
we’ll see where we’ll end up
Notre premier ministre reconnait implicitement son impuissance et avec cette phrase subliminale, il avoue l’influence dérisoire de sa fonction sur les affaires au Maroc, car lutter contre la corruption c’est s’attaquer aux puissants et aux protégés et en particulier au makhzen, et dans ce cas c’est la tache dépasse le pouvoir d’un gouvernement.
Malheureusement comme l’a dit je ne sais qui “chaque pays a le gouvernement qu’il mérite”
L’interviewer d’Al Jazeera, s’il n’était pas lui-même au service d’une dynastie féodale aux schémas identiques, aurait dû lui dire : “Mais alors Monsieur le Premier Ministre, à quoi bon avoir des hommes politiques sur terre si dieu veille sur tout le monde et sur toute chose ?”. A vrai dire, au Maroc, nous sommes mal barrés. Il va falloir beaucoup de patience (dix, vingt ou trente ans) pour voir les mentalités évoluer vers quelque chose de respirable. Or, cet accouchement ne se fera pas sans douleur. On en a les premiers échantillons chez nos “frères” irakiens, tunisiens, libyens, égyptiens, syrien et d’autres vont suivre. C’est le Cours du monde, pour paraphraser G.F.W. Hegel, “arabo”-musulmans qui est en marche. Ce mouvement, à lui seul, est un motif de consolation suffisant pour tous ceux qui ont connu et souffert de la léthargie de l’histoire marocaine en lien direct avec l’aire arabo-musulmane souffrant des mêmes maux. L’issue qu’on est en droit d’obtenir aujourd’hui, si la majorité des cervelles n’était pas moutonnière, c’est l’accès à une dignité véritable où la liberté de conscience sera une évidence. Enfin, si les choses trainent encore au-delà, cela ne concernera plus les gens de ma génération.
Bien à vous tous.
Aux pauvres on applique ipso facto la justice humaine et aux cochons engraissés on attend la justice divine, de qui se moque Benkirane?
Je salue ton courage Benchemsi