Majidi business : cas d’école
ENQUETE EXCLUSIVE. Comment une compagnie publique marocaine prévoit de dépenser l’argent du contribuable dans un projet privé du secrétaire particulier du roi… avec la bénédiction du gouvernement.
C’est le quotidien L’Economiste qui le dit : « la période comprise entre 2009 et 2011 a été la plus difficile de toute l’histoire de la Royal Air Maroc » (1). Fin 2010, la RAM a en effet enregistré un déficit abyssal de… 930 millions de dirhams ! Pour sauver la compagnie publique de la faillite, l’Etat décidera en septembre 2011 d’y injecter 1,6 milliards de dirhams en augmentation de capital. Dans un effort de pénitence publique, le PDG Driss Benhima s’engagera à réaliser les économies les plus drastiques: licenciement de 1560 salariés (2), vente de tous les « actifs non stratégiques »… La compagnie aérienne va désormais « se concentrer sur son cœur de métier » (3), jure son président.
Un an plus tôt, l’ambiance n’était pas du tout la même. Malgré le déficit historique qui se précisait, la direction de la RAM était encore d’une humeur aventureuse. A l’issue d’un conseil d’administration tenu le 14 septembre 2010, la compagnie décidait en effet d’acquérir 24% de Baysys Morocco, filiale d’une entreprise américaine… d’aménagements aéronautiques de luxe. Plutôt éloignée du « cœur de métier stratégique » de la RAM, cette niche industrielle très étroite consiste à « customiser » des avions pour le compte de richissimes clients, en y installant de salons luxueux, des salles de bains tout confort, des équipements high-tech, etc. Outre les 24% de la RAM, précise le PV du conseil d’administration, le capital de Baysys Morocco sera détenu à 51% par BaySys International, la société-mère américaine, et à 25% par une société marocaine privée du nom de New Assets.
New Assets est une SARL au capital de 100.000 dirhams. Elle appartient à 100% à la société de gestion de portefeuille FC Holding, laquelle appartient à 100% à… Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi Mohammed VI et l’homme le plus redouté, courtisé et détesté par les milieux d’affaires marocains. Mais que vient faire l’homme d’affaires de la famille royale, à titre privé, dans le secteur aéronautique ? On le savait dans l’affichage publicitaire et la promotion immobilière, mais d’où vient son nouvel intérêt pour les équipements d’avions de luxe ?

Mounir Majidi. L’homme d’affaires de Mohammed VI n’oublie pas ses intérêts personnels.
L’histoire remonte à 2010 quand, dans des circonstances qui restent à déterminer, Mounir Majidi entre en contact avec Steve Walton, PDG de BaySys International LLC, équipementier aéronautique américain opérant en Virginie. De l’aveu même de M. Walton, « (Baysys International est) une compagnie à visibilité réduite. Nous faisons entrer des avions dans un hangar, nous fermons les portes, et personne ne sait ce que nous sommes en train de faire » (4). Cette propension au secret s’explique par la nature confidentielle des commandes, souvent passées par des dirigeants d’Etats du tiers-monde qui préfèrent rester discrets sur leurs dépenses somptuaires. Au moment où elle noue contact avec le secrétaire particulier de Mohammed VI, la compagnie américaine est en train d’achever, dans un hangar qu’elle loue à la Nasa, le réaménagement intérieur d’un Airbus A-340 (« sur le modèle d’une tente bédouine ») pour le compte d’un Emir du Golfe.
L’équipementier américain, à l’époque, est en grave crise financière. Après le décès en juin 2009 d’un gros client, le dictateur gabonais Omar Bongo, ses successeurs avaient refusé de régler une facture de 10 millions de dollars. BaySys International avait été contrainte de licencier 60 employés et de réduire de 20% les salaires des rescapés. Même si le contrat de l’Airbus du Golfe lui redonne un peu de souffle, la compagnie américaine est encore en sérieuse difficulté. Le loyer du hangar de la NASA, en particulier, grève ses comptes d’une manière exorbitante. La compagnie doit impérativement se redéployer, et son PDG le déclare clairement : « Nous avons besoin de deux choses : un hangar et un partenaire financier » (5).
En juin 2010, Steve Walton semble avoir trouvé ce qu’il cherchait… au Maroc. A l’agence de presse Reuters, il déclare que BaySys International a « signé un accord avec un investisseur régional stratégique en vue d’installer une plateforme industrielle à Casablanca (…) en vue d’y exécuter des aménagements intérieurs pour avions de VIP et chefs d’Etat » (6). Qui est ce mystérieux « investisseur régional stratégique » ? Pas la RAM, puisque son conseil d’administration ne donnera le feu vert pour cette opération que 3 mois plus tard. Ne reste que M. Majidi, dans le rôle de « l’apporteur d’affaires ». Mais le secrétaire particulier de Mohammed VI cherche visiblement à garder son identité secrète—notamment vis-à-vis de la classe d’affaires marocaines, qui l’accuse de mettre à profit sa position auprès du roi pour obtenir des conditions et avantages inaccessibles au commun des investisseurs (7). Ce qui va suivre démontre clairement la pertinence de cette accusation : un parfait cas d’école du « Majidi business », avec de forts relents de trafic d’influence.
Le 19 août 2010, une société du nom de BaySys Morocco est enregistrée en toute discrétion au registre de commerce de Casablanca. Dotée d’un capital de 50.000 dirhams, la nouvelle société est détenue à 100% par Mounir Majidi via deux sociétés écrans, New Assets et FC Holding. La SARL, dont l’objet social est « L’aménagement et maintenance des avions »… n’a ni locaux ni personnel. Son siège social est domicilié chez FC Com, compagnie d’affichage publicitaire appartenant à M. Majidi (8), dans le quartier d’affaires Sidi Maarouf à Casablanca. Et son unique dirigeant est un certain Saïd Hassani, 40 ans, par ailleurs administrateur de FC Com. Clairement pas un professionnel de « l’aménagement et maintenance des avions… »
Selon toute évidence, M. Majidi, qui ne connaît rien au secteur aéronautique, s’est contenté de créer une coquille vide qu’il pourra utiliser le moment venu pour toucher des dividendes sur une joint-venture entre spécialistes. BaySys International va apporter ses cadres et son savoir-faire. Mais qui fournira « le hangar et le partenaire financier » dont M. Walton a besoin ? Certainement pas BaySys Morocco, vu sa nature quasi-clandestine et sa sous-capitalisation manifeste. Reste la RAM…
Mais il y a un petit souci : la RAM est une entreprise publique, qui ne peut investir dans une entreprise privée sans autorisation officielle du gouvernement. Début 2011, cette autorisation est encore plus malaisée à demander vu l’état de quasi-faillite de la compagnie aérienne, qui vient de perdre près d’un milliard de dirhams en un an. Ce n’est donc vraiment pas le moment de s’engager dans des fantaisies comme la customisation d’avions de luxe… Un tel projet, pour sûr, serait sèchement rejeté par n’importe quel gouvernement sérieux et comptable de ses actes. Il faut croire que le gouvernement de l’époque ne correspond pas à cette définition… et que M. Majidi a un pouvoir de persuasion hors normes.

S. Mezouar, ministre des Finances, et A. El Fassi, Premier ministre. Au meilleur des cas, ils ne savent pas ce que c’est qu’un business plan.
Le 1er février 2011, Abbas El Fassi, Premier ministre marocain, et Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, signent conjointement un décret gouvernemental autorisant la RAM à acquérir 24% dans « la société de projet Baysys Morocco SA dotée d’un capital de 1,5 millions de dollars US. » Au moment de la signature du décret, BaySys Morocco n’est encore qu’une SARL au capital de 50.000 DH (6000 dollars US). Comme l’indique l’intitulé « société de projet », l’idée consiste donc, sitôt le feu vert du gouvernement obtenu, à transformer la SARL en SA et à augmenter son capital (en le multipliant par 250 !) par apport des associés. Comparé au volume d’affaires de la RAM, la dépense nécessaire pour contrôler 24% de la future entité n’est pas très grosse, à peine 360.000 dollars (2,8 MDH). Mais la compagnie de Driss Benhima a de l’ambition pour sa nouvelle filiale : un investissement global de 31 millions de dollars (248 MDH) va y être consacré, dont les deux tiers pour la construction du fameux hangar dont M. Walton a besoin. L’investissement total, plus de 250 millions de dirhams, est pour le coup conséquent. Aussi désireux soient-ils de faire plaisir à M. Majidi, MM. El Fassi et Mezouar ont quand même besoin d’un minimum d’arguments pour justifier une telle dépense – surtout si elle doit être consentie par une compagnie publique au bord de la faillite, et pour le sauvetage de laquelle l’Etat s’apprête à débourser 1 milliard et demi de dirhams.
Du coup, le décret officiel qui autorise l’opération présente des justifications… stupéfiantes. On apprend ainsi que Baysys Morocco compte réaliser en 2011, soit dès sa première année d’activité, un bénéfice de 5,4 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 57 millions de dollars… alors que le hangar et ses aménagements, c’est-à-dire l’outil de travail principal de la compagnie, n’existe pas encore ! Mieux : dès 2015, annonce le décret du Premier ministre, le chiffre d’affaires de BaySys Morocco atteindra 249 millions de dollars et son bénéfice net 28 millions de dollars… soit une augmentation continue de près de 50% chaque année ! Ces chiffres astronomiques sont-ils crédibles ? MM. El Fassi et Mezouar ne semblent pas en douter une seule seconde. C’est écrit noir sur blanc dans leur décret officiel (et aussi dans un rapport interne de Bank Al Maghrib, qui reprendra le décret mot pour mot deux mois plus tard) : « La rentabilité de BaySys Morocco est démontrée, tel qu’il ressort de son plan d’affaires ». Même le plus inexpérimenté des chefs d’entreprise vous le dira : il est absurde de prétendre que la rentabilité d’une société qui n’a pas encore démarré est « démontrée »… avec pour unique argument des projections futures dont les hypothèses de calcul sont inconnues.
Le fin mot de l’histoire, c’est que la joint-venture BaySys—RAM—Majidi… n’a jamais été réalisée ! Le PDG de la RAM Driss Benhima, que l’auteur de cet article a pu joindre au téléphone, a parlé de « projet mort-né », tout en rejetant la faute sur les Américains qui n’auraient « pas apporté le volume d’affaires promis ». A l’heure où ces lignes sont publiées, les responsables de BaySys International étaient injoignables.
Reste une question fondamentale : est-ce éthiquement défendable, qu’une compagnie publique au bord de la banqueroute décide d’investir l’argent du contribuable marocain (jusqu’à 250 millions de dirhams !!)… dans un projet privé appartenant au secrétaire particulier du roi, et ce, avec l’autorisation officielle du gouvernement ?

Driss Benhima, PDG de la RAM. L’homme qui ne sait pas dans quoi il investit.
L’auteur de ces lignes a posé cette question clairement à Driss Benhima. Lequel a eu cette réponse surprenante : « Ah bon, la personne que vous citez (NDLR : en référence à M. Majidi) était un partenaire de cette opération ? Première nouvelle ! » Voilà donc le PDG d’une entreprise publique, qui préside un conseil d’administration autorisant un partenariat financier, puis qui envoie une lettre au gouvernement demandant l’autorisation officielle de conclure ce même partenariat… tout en ignorant l’identité de son partenaire ?! « Je ne sais pas qui, chez nous, a envoyé la lettre au gouvernement », s’est défaussé le PDG de la RAM. Confronté à la raison sociale dudit partenaire, il a ajouté : « New Assets ? Maintenant que vous le dites, ça tinte une cloche dans ma tête, mais sans plus. J’ai dû penser que c’étaient des Américains, puisque le nom est en anglais… » On n’est pas obligé, bien sûr, de croire M. Benhima sur parole. Mais même si on le fait, son « manque de curiosité » relève au minimum d’une grave négligence quant à la gestion de l’argent public dont il a la charge…
Même si elle n’a pas abouti, l’affaire BaySys été actée, on ne peut plus officiellement, par un décret du Premier ministre – la plus haute forme d’approbation du gouvernement. Qu’est-ce ce qui en fait une « affaire » ? Ce simple constat : le gouvernement du Maroc a donné son feu vert pour dépenser l’argent du contribuable dans une société fantôme présentant des chiffres fantasmatiques. Qui d’autre que M. Majidi aurait pu obtenir un tel feu vert dans de telles conditions ? Il y a visiblement matière à enquête sur une violation de l’article 36 de la Constitution, qui interdit le trafic d’influence. Au strict minimum, nous avons là un sujet de question orale au Parlement… à condition, bien sûr, qu’un député marocain ait le courage d’évoquer publiquement une affaire impliquant le secrétaire particulier de Sa Majesté.
Egalement contacté par l’auteur de cet article, Saïd Hassani, homme de confiance de Mounir Majidi et administrateur de BaySys Morocco, New Assets et FC Com, a déclaré, après avoir été informé de l’objet de l’appel : « Je suis en réunion, rappelez moi plus tard ». Puis il n’a plus répondu au téléphone.
Ahmed Benchemsi
Primo, il ne répond en rien au sujet de fond soulevé par l’article : le problème éthique posé par l’investissement de fonds publics dans une entreprise privée détenue par le secrétaire particulier du roi. Là dessus, la seule (vague) allusion du communiqué est ce passage : “La (RAM) a entamé des démarches avec (…) Baysys international (…) pour la création d’une société commune, avec un tour de table d’investisseurs et d’industriels marocains choisis par Baysys.” M. Benhima continue ici sur le piètre registre inauguré au téléphone avec l’auteur de l’article : d’une part, feindre l’ignorance (“je ne savais pas que le partenaire marocain de l’opération était [Mounir Majidi]“), de l’autre, se défausser sur ses subalternes (“Je ne sais pas qui, chez nous, a [traité ce dossier]“)… Le voilà maintenant qui se défausse sur les Américains : ce sont eux, et pas lui, qui auraient “choisi” d’inviter M. Majidi au tour de table. La vérité, c’est que les Américains avaient signé un accord plusieurs mois plus tôt avec M. Majidi, et que c’est ce dernier qui a “choisi” M. Benhima, PDG d’une entreprise publique richement dotée et ne pouvant rien refuser au secrétaire particulier de Sa Majesté. Secundo, le communiqué de la RAM déclare : “Il est à noter que ce sont bien les préoccupations sur le chiffre d’affaires avancé et la rentabilité qui ont conduit à l’arrêt du projet Baysys Morocco”. Voila qui est cocasse ! Mais qui a donc “avancé” ce chiffre d’affaires (pour rappel, 456 MDH dès la première année d’activité !)… sinon la RAM elle-même ? Qui a parlé de “rentabilité avérée” (pour rappel, 43 MDH de bénéfice d’entrée de jeu !!)… sinon la RAM elle-même ?! M. Benhima nous dit qu’il nourrissait des “préoccupations”… sur ses propres chiffres ?!! Peut-être que le PDG de la RAM insinue que c’est BaySys International qui, au départ, a fourni ces chiffres fantasmagoriques. C’est bien possible—c’est ce qui expliquerait d’ailleurs qu’ils soient libellés en dollars, jusque sur le décret officiel. Mais ce n’est certainement pas l’entreprise américaine qui a demandé une autorisation d’investissement au gouvernement, sur la foi de ces mêmes chiffres. Même s’il les a reçus d’une tierce partie, il était du devoir de M. Benhima de s’assurer de la crédibilité de ces chiffres avant de les faire parvenir au ministre des Finances. Lequel, d’ailleurs, aurait dû les vérifier lui aussi avant de les faire endosser par le Premier ministre dans un décret officiel (on n’ose pas écrire que Abbas El Fassi aurait dû vérifier quoi que ce soit – le brave homme ne comprend sans doute rien à toute cette affaire, aujourd’hui encore). Le gouverneur de la Banque Centrale, lui aussi, aurait dû vérifier ces chiffres avant de les publier dans son bulletin de mars 2011 sous l’étiquette ”renseignements puisés aux meilleures sources”. C’est donc toute une chaine de déresponsabilisation que nous avons sous les yeux, au plus haut niveau de l’Etat. Pourquoi aucun de ces très hauts fonctionnaires n’a fait son travail ? Par incompétence ? Il y a une autre explication, beaucoup plus crédible quand on connait le fonctionnement du Makhzen : à partir du moment où le tout-puissant secrétaire particulier du roi est impliqué dans une procédure, chacun signe ce qu’on lui demande de signer, sans poser de questions. Imaginez la situation, elle est assez incroyable : une entreprise américaine fournit des chiffres absurdes et, pour l’unique raison que M. Majidi est derrière l’opération… ces chiffres traversent, tels quels, 4 niveaux de vérification supérieurs de l’Etat marocain pour terminer, inchangés, sur le Bulletin Officiel du royaume… et en dollars, parce que personne n’a osé y toucher, même pas pour les convertir dans la monnaie nationale !! Trafic d’influence, corruption, peur primale du Makhzen… appelez cela comme vous voulez. Tertio, “(Le projet BaySys) représentait trois millions de dirhams d’investissement pour la RAM”, dit le communiqué. Faux. Il suffit de revenir au décret du Premier ministre. 3 MDH (l’équivalent des « 360.000 dollars US » du décret), c’est uniquement la somme que la RAM devait débourser pour contrôler 24% de BaySys Morocco. Après cela, le projet prévoyait un investissement de 248 MDH (31 millions de dollars). Qui devait payer ? Les Américains ? Certainement pas. A cette époque, BaySys International était en crise (voire l’article), et son PDG Steve Walton déclarait ouvertement chercher un “partenaire financier” pour le tirer d’affaire. Qui reste-t-il ? La société de M. Majidi ? Possible. Mais avouons qu’une entreprise prête à investir un quart de milliard de dirhams ne se constitue généralement pas en SARL à 50.000 DH de capital, domiciliée chez une autre société juste pour éviter de payer un loyer. Et puis, cela ne ressemble pas du tout au Mounir Majidi qu’on connaît, économe à l’extrême, de payer 100% de l’investissement d’une société dont il ne va détenir que 25%. Cela lui ressemble beaucoup plus, en revanche, de mettre de l’argent public (celui de la RAM en l’occurrence) au service d’intérêts privés : les siens et ceux de son patron, le roi Mohammed VI. Ce ne sont pas les précédents qui manquent, mais c’est là un autre sujet… Quatro, le communiqué de M. Benhima cherche à nous convaincre que le projet BaySys ne contredisait en rien la politique de recentrage de la RAM sur son cœur de métier—une politique adoptée en contrepartie du sauvetage public du transporteur national pour 1,5 milliards de dirhams. Le communiqué affirme donc : “Dans le cadre de sa politique de recentrage sur son cœur de métier (…) la compagnie envisage (…) des partenariats dans trois domaines : la maintenance, le catering et le handling.” A ce qu’on sache, la transformation de cabines d’avions en chambres à coucher de luxe “pour une clientèle VIP” (c’est le décret qui le dit) ne correspond à aucune de ces catégories. A. B UPDATE : La réponse de la RAM – et la nôtre
Quelques heures après la publication de cet article, un communiqué de Royal Air Maroc a été distribué à la presse. Ce document appelle 4 remarques.
« L’affaire BaySys » en 4 dates
8 Juin 2010. Steve Walton, PDG de l’équipementier aéronautique américain BaySys International, annonce avoir signé un accord avec un « investisseur régional stratégique » en vue de construire, à Casablanca, un hangar de customisation d’avions de luxe.
19 Aout 2010. Création de BaySys Morocco, SARL au capital de 50.000 DH dont l’objet social est « l’aménagement et maintenance des avions ». La société, qui appartient à 100% à Mounir Majidi à travers un jeu de sociétés écrans, est domiciliée à Casablanca au siège de la compagnie d’affichage publicitaire FC Com.
14 Septembre 2010. Un conseil d’administration de Royal Air Maroc valide un nouveau projet d’investissement : la RAM va acheter 24% du capital de BaySys Morocco pour 2,8 millions de dirhams (MDH), et s’engager dans un programme d’investissement de 248 MDH. Mais la RAM étant une entreprise publique (en pleine tourmente de surcroît, puisqu’elle vient de perdre 1 milliard de dirhams en un an), ces dépenses nécessitent l’accord du gouvernement.
1er Février 2011. Le gouvernement donne son accord au projet Baysys, via un décret officiel signé par le Premier ministre Abbas El Fassi et contresigné par le ministre des Finances Salaheddine Mezouar. Le décret justifie l’investissement de la RAM par les résultats prévisionnels de BaySys Morocco : un CA de 546 MDH et un bénéfice net de 43 MDH… dès 2011, c’est-à-dire la même année ! Rappelons qu’au même moment, la société de M. Majidi n’est encore qu’une SARL au capital de 50.000 DH, sans locaux ni personnel. Finalement, le projet n’aboutira pas. L’intention, elle, est gravée à jamais dans le marbre du Bulletin Officiel.
A.B
Il faut dire les choses telles qu’elles sont.
La gangrène du Maroc c’est son élite incompétente, sans éthique, sans morale, sans réserve et sans aucun culot. Une classe de pseudo ingénieurs et d’hommes d’affaires sans scrupures qui finalement est une caste ennemie du Maroc.
On n’occupe pas des postes pareils pour s’en mettre plein les poches. Un minimum de rigueur et de transparence sont requis pour éviter les conflits d’intérêts, ne serait ce que des soupçons…
Tant que l’exemple n’est pas donné, tant qu’on ne sanctionne pas, rien ne changera.
Ensuite, tout le monde tombe sur le pjd pour son excès de populisme sur ce genre d’affaire (voir #mezouargate sur twitter par exemple et comment le rni essaie de noyer le poisson), mais il faut à présent que les élus et nos ministres arrêtent de tourner autour du pot et disent les choses telles qu’elles sont.
Exemple: on pleure pour les morts suites aux effondrements à Casablanca? Pourquoi Benabdellah ne fait pas une sortie médiatique en évitant de victimiser ceux qui refusent de quitter ces habitats insalubres? Ils sont coupables de ce qu’il leur arrive, il faut le dire!
Il faut dire les choses et arrêter de se voiler la face au Maroc, c’est valable pour tout.
T’as tout résumé rien á redire
Well said, & simply true
Cette enquête… en images et en musique. Guest stars: Abdelilah Benkirane et un coq
فضائح الماجيدي أو إقتصاد الريع بالمغرب
http://www.youtube.com/watch?v=ievjXfGKwhY
Beau travail , du vrai journalisme pour le coup
Excellent job Ahmed
Bravo pour cette brillante enquête.
Bravo pour cet article très intéressant et qui me rappelle les articles de grandes qualité publiés par vous sur tel quel.
À quand le retour à Tél quel ou un autre journal marocain ?
Bravo !
“Est-ce éthiquement défendable, qu’une compagnie publique au bord de la banqueroute décide d’investir l’argent du contribuable marocain dans un projet privé appartenant au secrétaire particulier du roi, et ce, avec l’autorisation officielle du gouvernement ?” Nous avons là un sujet de question orale au Parlement. Allez-y les gars, ayez l’audace de provoquer un vrai débat ! “Wach f’hamtini oulla la”, a Si Benkirane…?
Nice job ! De l’excellent travail journalistique !
Bravo pour ce travail, c’est du journalisme d’investigation dans les règles de l’art. Il faut donner une suite à cette affaire et d’abord interpeller les partis politique et surtout les dénoncer quand ils ne font pas leur travail de veille citoyenne.
Enron is reviving in Morocco. Isn’t the time to create an independant organisme to supervise those sort of transactionss?
Good article.
Très bel article , J’aurais dit une série américaine , à la 24h !
Je vois que notre ancien ministre des finances méritait bien ses 80 000 dhs de prime.
Je crois que nos institutions publiques méritent de réelles compétences.
Cela montre aussi que nous institutions doivent avoir davantage de contrôle afin d’éviter cet “Influentalisme” je lui invente un terme à cette histoire , elle le mérite bien
Le makhzen ne recrute (pour certains postes sensibles) que des ingénieurs formés dans les grandes écoles françaises (Benhima, Mourad Cherif, etc.) et qui vont traiter ce type de dossiers sans sourciller. Ce sont des inconditionnels de ce type de pratiques, ils ne les remettrons jamais en cause, parce que quelque part ils en profitent (salaires, primes, avantages divers…)
Contrôle des institutions, qu’ils disent… Mais contrôle par qui? Par les mêmes corporations qui font du lobbying pour détourner de l’argent public?
Un tel sujet devrait normalement susciter une grande polémique dans un pays dont les résidents (ceux qui sont encore capables de réfléchir tout au moins) se sentent “citoyens”.
Malheureusement, notre élite intellectuelle est atteinte d’un mutisme et d’une léthargie sévères.
On passera donc l’affaire sous silence, tout comme plein d’autres…
En tous les cas, merci pour cet article !
Cet article, c’est de la dynamite! Dans un pays où on essaie tant bien que mal de maquiller la mariée, quand c’est trop c’est trop! Cette affaire ne devrait pas rester sans suite. Ce que je trouve suspect, c’est l’immunité ostentatoire dont jouit le PDG de la RAM même aprés le rapport accablant de la cour des comptes qui désigne la mauvaise gestion comme principale cause de la crise sans précédent de la compagnie. En plus de la manière dont ont été gérés les départs forcés du personnel, en voila une nouvelle démonstration.
Excellent travail d’investigation. Au nom de ma petite famille, je vous adresse ma sincère reconnaissance. Je crains toutefois que vos efforts ne restent lettre morte face à l’incurie de nos responsables. Sous d’autres cieux, au lendemain de la publication de cette brillante recherche, les élus de la nation se seraient saisi de l’affaire, la presse s’en serait frotté lea mains, le parquet…Enfin bref, pour que cela se produise sous nos cieux à nous, autant rêver. Mais votre travail, Mon cher Monsieur, mérite tous les honneurs. JUSTE MERCI.
Bonsoir,
Dans mon 1er commentaire, je n’avais pas pris la peine de saluer le courage dont vous avez toujours fait preuve en vous attaquant aux sujets sensibles qui nous tiennent à coeur, avec un professionalisme inégalé. ça met du baume au coeur.
With the high level of government involvement in this deal, this smells like it could very well fall under the scope of the Foreign Corrupt Practices Act. This law prevents US companies from giving anything of value to a foreign government official to assist in obtaining or retaining business (US Foreign Office Practices Act)
It would be interesting to get Baysys International’s reaction to this affair.
Bravo Ahmed ! Merci pour cet article que je qualifierais d’écoeurant. Ecoeurant au sens québécois d’abord, c’est-à-dire exhaustif, avec plein de détails et une chronologie complète. Mais écoeurant aussi au sens français/belge, c’est-à-dire que ses révélations donnent envie de vomir. Et dire que les personnalités que vous citez ont/avaient entre les mains l’avenir du peuple marocain… On commence deja a parler de brader le prix de la RAM en l’offrant sur un plateau d’or à une compagnie aérienne du GCC, vous avrez des infos là dessus?
Bonjour Monsieur Benchemsi, tout d’abord je vous remercie pour cet article qui est excellent.
J’ai néanmoins quelques questions d’ordre legal concernant le decret qui a été signé par Messieurs Mezouar et Fassi :
- le décret dit que la société est une SA alors que vous dites que c’est une SARL.
- le décret dit que la société a un capital de 1,5 millions de dollars alors que d’après vous c’est 50 000 dhs
- Pourquoi le decret donne ce montant en dollars ? Est-ce une pratique courante de donner un capital en dollars a une société marocaine? Est-ce au moins légal?
- Est-ce que si les informations dans le decret sont fausses cela annule automatiquement le decret ou est-ce quil faut l’abroger car ce decret est une autorisation qui peut être utilisée à tout moment (par exemple le temps que cette affaire soit oubliée).
- Comment abroge-t-on un décret comme celui-ci ? Est-ce que c’est le gouvernement qui doit s’en charger?
ce serait intéressant d’avoir l’avis d’un juriste sur ces interrogations.
Bonne continuation
- Le décret parle de la “société de projet BaySys Morocco SA au capital de 1,5 millions de dollars US”. Au moment où le décret a été signé, BaySys Morocco était encore une SARL au capital de 50.000 DH. Il faut en comprendre que le décret autorisait la RAM à entrer dans le capital de BaySys Morocco… étant entendu que cette derniere devait exécuter, au préalable, le “projet” de se transformer en SA et de multiplier son capital par 250, pour passer de 50.000 DH à 1,5 millions de dollars. Je vous accorde que c’est tiré par les cheveux, mais je n’invente rien ; les faits sont clairs et établis. Il est dommage que ce “projet” n’ait finalement pas abouti. Il aurait été intéressant de voir comment M. Majidi allait s’y prendre pour obtenir 25% du nouveau capital : en débloquant du liquide, ou par une nouvelle acrobatie sémantico-comptable lui permettant, encore une fois, de payer un minimum et d’engranger un maximum ? L’histoire du groupe ONA-SNI le démontre : quand il s’agit de reconfigurer le capital d’une entreprise au mieux des intérêts de quelques actionnaires (et au détriment des autres), l’imagination de M. Majidi et de ses hommes est sans limites.
- Les décrets autorisent des projets mais, comme le dit le communiqué produit par la RAM en réaction à cet article, certains sont réalisés, d’autre ne le sont pas. Ce projet-là n’a finalement pas été réalisé, et je doute fort qu’il le soit jamais – surtout pas maintenant que l’affaire a éclaté au grand jour. L’avantage de “l’ère Internet”, c’est que rien ne s’oublie jamais, tout est archivé pour l’éternité
- Pourquoi les montants sont libellés en dollars sur un décret officiel du gouvernement marocain ? Excellente question ! Au début, cela m’a beaucoup surpris aussi. Je n’ai pas de réponse prouvée, mais je développe une hypothèse dans ma réponse au communiqué de la RAM (secundo).
A.B
Ce qui m’a attirée vers ce blog, que je ne connaissais pas, c’est… le communiqué de la RAM ! En fait, s’ils n’avaient pas réagi je n’aurais même pas été au courant de cette histoire
Leur communiqué est affligeant de stupidité ! Après avoir égrené des généralités sur “toutes les compagnies aériennes externalisent (leurs activités périphériques)”, ils justifient “l’immense valeur ajoutée de cette niche”… puis enchainent sur leur choix de ne pas y investir car “ce n’est pas rentable”. Merveilleux syllogisme ! Si Benhima, ach had chi ? Un peu de concentration je vous prie…
Le plus amusant, c’est que votre article ne remet pas particulièrement en cause leur choix d’investissement. Le problème que vous pointez très clairement, c’est le partenariat de la RAM avec Mohamed Mounir Majidi. Mais ça, ils l’éludent d’une formule aussi vague que “aucune influence extérieure aux intérêts de Royal Air Maroc n’est intervenue dans ce projet”. Sans blague? Vous nous prenez vraiment pour des cons, hein ? Quelle arrogance…
A chaque fois qu’une affaire comme ça est dévoilée, elle jette le discredit sur le gouvernement, nos institutions, nos lois, nos tribunaux, et notre merveilleuse Cour des Comptes, qui évidemment, s’en fout Royalement.
Je vous dis Bravo mais pas merci. Votre article m’a déprimée.
Merci pour cet excellent article qui m’a rappelé le Benchemsi de l’enquête sur le laboratoire Pasteur de Casablanca. Du grand journalisme d’investigation. Vivement que d’autres plumes s’y essaient, nous en avons grandement besoin. Cela dit, je voudrais rappeler que la presse avait dernièrement fait ses choux gras du rapport de la Cour des comptes qui pointait particulièrement la gestion de la RAM. On est en droit de se demander comment un si gros “conflit d’intérêts” avait pu échapper à M. Midaoui.
Lu sur twitter :
-”Ca rame à la Ram”
- Le prochain communiqué sur cette affaire risque d’être “on vous emmerde”
Lu sur facebook :
- Soit le Roi ne savait pas et Majidi va se faire casser ses lunettes, soit le Roi savait et je quitte le Maroc demain.
- Majidi est puni: après la Floride, les Seychelles !
Rejoignez-moi pour nominer Mounir Majidi au prix Nobel de l’économie. C’est un vrai génie
excellent travail
Précisions : le trafic d’influence est clair dans cette affaire, comme dans les autres affaires de Mounir Majidi. Il suffit de réfléchir deux secondes : comment qualifier l’ascension d’un fonctionnaire du palais royal devenu milliardaire grace aux rentes ? En termes de recettes, ce Monsieur tient à lui tout seul le tiers du marché de l’affichage publicitaire du pays… et ce n’est pas sensé être son activité principale ! (“secrétaire particulier…”, vous vous souvenez ?)
Mais il y a aussi les alliances familiales : la DG du holding de Mounir Majidi est une Fassi Fihri. Fihr, le fils ainé de Abbas El Faassi Fihri (l’ex-premier ministre), jouit d’une situation privélégié dans la même holding de Mounir Majidi… Tout ça reproduit fidèlement le schéma décrit par Joh Waterbury dans “Le commander des croyants” : Les caïds achetaient leur fonction du Makhzen pour avoir les mains libres et abuser comme il voulaient sans rien craindre.
Merci à tous pour vos encouragements et vos compliments.
Cela dit, le plus beau compliment pour un journaliste est que ses révélations aient des suites : que la Loi soit appliquée et que justice soit faite. La balle est maintenant dans le camp des institutions : Gouvernement, instance de lutte contre la corruption, Parlement, Justice… Mesdames et Messieurs, à vous de jouer !
Cet appel s’adresse particulièrement au PJD, qui s’est fait élire sur un programme de lutte contre la corruption. Le maximum de l’audace jusqu’ici atteint par les islamistes aura été de s’en prendre — à raison — à leur adversaire politique et ancien ministre des Finances Salaheddine Mezouar, pour ses primes injustifiées. Oseront-ils monter un cran plus haut?
Le Premier ministre islamiste Abdelilah Benkirane a toujours déclaré qu’il ne fallait pas compter sur lui pour entrer en conflit avec le roi. Soit. Quid de son secrétaire particulier ? Y a-t-il une “raison d’Etat” qui empêche de s’en prendre à lui aussi ? M. Benkirane, on l’a vu, est un beau parleur. Il serait bien décevant que cette fois, il se taise.
A. B
Well done Mr Ahmed! Nice and clean work, keep on as you are! God bless you, Allah irdi 3lik a waldi.
Je n’ai jamais vu un tel concert de félicitations, sans que personne n’émette la moindre réserve ou le moindre doute. Eh bien à mon tour de te féliciter : tu es arrivé à tromper tout le monde, même ceux qui se targuent d’être intelligents et au courant des affaires. Bravo !!
Bonjour. Evidemment c’est explosif, mais moi ce qui m’intrigue, c’est comment vous avez déclenché votre enquête. Connaissant comme vous les rouages internes du Makhzen, je suis sure que vous avez eu un dossier en bonne et due forme de l’intérieur du sérail. Donc, in fine un job bien fait qui sert les intérêts d’un courtisan manipulateur pour écarter un gêneur
Merci monsieur Ahmed Benchemsi
Good Job Ben ! you are the best Moroccan journalist !
Ah là là comme tu nous manques !
).
Bravo en tout cas pour cet excellent article qui tient en haleine de la première à la dernière ligne. Depuis que tu es parti c’est rare de retrouver une telle qualité journalistique par ici.
Malheureusement, comme le souligne l’une des personnes qui ont commenté, l’élite ici est “atteinte d’une léthargie et d’un mutisme sévère”, sauf quand il s’agit de s’empresser de défendre ses petits intérêts mesquins en écrasant si possible plus petit que soi … Mais peut-être est-ce là un trait commun à l’humanité toute entière, qui grossit à la loupe des inégalités profondes des pays en développement (ou qui essaient tant bien que mal de se développer en tout cas
Merci et bon vent Ahmed !
Je ne comprends pas sur quoi vous vous basez pour appeler explicitement au soulèvement du parlement et du gouvernement contre le Secrétaire Particulier du Roi. Appliquer la loi vous dites, mais quelle loi ??
Factuellement, et selon les seuls résultats de votre investigation, le Monsieur que vous citez tout au long de votre enquête aurait déniché une nouvelle opportunité de business outre-atlantique. Ensuite, il aurait souhaité en faire profiter une entreprise publique en difficulté dans notre pays, en contrepartie de quoi il prenait 24% des parts dans cet ex-futur business. Où est le problème ?
Est-il écrit dans la Constitution ou dans toute autre loi marocaine que le Secrétaire Particulier du Roi n’est pas autorisé, du fait de sa position, à prendre part en tant qu’actionnaire dans le tour de table d’une société domiciliée au Maroc?
De même, confier le “bébé” à la seule compagnie aérienne nationale en agonie, qui ne cherchait qu’à se délester de ses actifs à perte, se recentrer sur son coeur de business et potentiellement se diversifier dans les secteurs à forte valeur ajoutée, serait-il un cas d’école du TRAFIC d’influence? En quoi s’il vous plait?
Enfin, à qui appartenait-il de faire des plans d’affaires et projections de rentabilité, avant de solliciter officiellement le Gouvernement ? Qui a accepté d’endosser la responsabilité de porter le projet d’investissement devant le Gouvernement ? Est-ce le Secrétaire Particulier du Roi?
M. Benchemsi, en accusant simultanément tous les hauts commis de l’Etat ayant intervenu dans cette affaire de manque de courage, de défaut de clairvoyance-probité-compétence, vous vous positionnez soit en professeur de morale idéaliste et déconnecté de la réalité, soit en sceptique fataliste (et les deux ne vous conviennent pas). Il n’est cependant pas inutile de vous rappeler aujourd’hui, que le deal n’a pas eu lieu. Où sont donc les dommages collatéraux pour le contribuable marocain dont je fais partie ?
Aussi, quand bien même cette société aurait vu le jour… si elle était rentable avec le même tour de table évoqué, à quel niveau se situe la corruption, le trafic d’influence et la peur du Makhzen?
Mr Benchemsi, vos analyses et opinions sont lues, partagées, respectées. De notoriété publique, vous êtes un éminent chercheur et un analyste politique crédible et indispensable à notre pays.
Il serait donc dommage pour le paysage politique, l’opinion publique, et l’intelligencia du Maroc que l’inimitié personnelle que vous entretenez publiquement envers M. El Majidi prenne le pas sur la clairvoyance de vos opinions et sur le crédit de vos analyses, dès qu’il s’agit de faits avérés ou non, où le nom de ce dernier est cité.
Vous aurez compris en définitive mon opinion : votre investigation a le mérite d’avoir d’exister, dans le seul but d’éclairer l’opinion publique sur les dessous d’un business avorté.
Mais endosser le rôle de ‘chef de guerre’, et appeler à mobiliser des personnes et des institutions PUBLIQUES (Parlement, chef du gouvernement, parti politique) pour contribuer à entretenir une inimitié PERSONNELLE contre M. El Majidi, annule le bienfondé de vos intentions quant à la publication de ce que vous appelez une “enquête exclusive”.
A bon entendeur.
Je n’appelle pas au «soulèvement» contre M. Majidi, comme vous dites. On se «soulève» contre un roi, pas contre son secrétaire particulier. Mais peut-être, proche du second comme vous l’êtes sans doute, avez-vous fini par croire inconsciemment qu’il se confond avec le premier…
Vous citez aussi un argument faussement innocent, que j’ai entendu des dizaines de fois dans la bouche de membres du Makhzen économique :
Puisque vous évoquez la Constitution, permettez-moi de vous citer son article 36 :
Vous constaterez que «la loi», que vous évoquez aussi, est citée deux fois dans cet article. Sauf que la loi en question – c’est le truc – n’existe pas, ni dans le code du commerce ni dans le code pénal marocain. C’est au gouvernement d’initier une telle loi, et au Parlement de la voter. Le feront-ils un jour ? J’en doute. Et quand bien même essaieraient-ils, M. Majidi et ses hommes feront tout pour saboter leur effort, sachant pertinemment qu’une telle loi, si elle existait un jour, les mènerait directement en prison.
En attendant, je le reconnais volontiers, M. Majidi ne viole pas «la loi». Il viole juste la Constitution et l’éthique économique universelle – laquelle, Dieu merci, n’attend pas le parlement et le gouvernement marocain pour être définie. Le conflit d’intérêt, c’est mélanger une charge publique et des affaires privées. Le trafic d’influence, c’est utiliser sa position publique pour obtenir des avantages à titre privé. Ces deux pratiques sont l’ADN du «Majidi business», et vous le savez parfaitement.
Oui Monsieur, le secrétaire particulier du roi n’est pas autorisé, du fait de sa position, à être actionnaire d’une société privée — dès l’instant où cette société a un quelconque rapport avec l’argent public ou les rouages de l’Etat. Ce qui est de toute évidence le cas de BaySys Morocco (et aussi, d’ailleurs, d’une pelletée d’autres sociétés de M. Majidi sur lesquelles la vérité éclatera un jour prochain).
De grâce, Monsieur, épargnez-nous cette fable du sauveur ayant «déniché une opportunité de business aux Etats Unis» et souhaitant «en faire profiter une entreprise publique en difficulté dans notre pays». Soyons sérieux, s’il vous plait. Je n’ai aucune raison d’entretenir une «inimitié personnelle» envers M. Majidi ou envers ses disciples, dont vous faites manifestement partie. Contrairement à ces gens, j’ai d’autres moteurs dans la vie que mes intérêts «personnels». Je défends des principes. A force de cynisme et d’impunité, les piliers du Makhzen économique ne savent plus ce que ce mot veut dire.
Bien à vous,
A.B
Ps : Ma conclusion s’adresse également à Khadija qui, plus haut, déclare que j’ai écrit cet article pour «servir les intérêts d’un courtisan manipulateur pour écarter un gêneur». La théorie du complot est pour moi un éternel sujet d’émerveillement. A cette dame, comme à tous ceux qui passent leur vie à supputer de sombres conspirations derrière chaque chose, je réponds simplement : est-ce si difficile, pour vous, d’imaginer qu’on puisse être libre ?
Ahmed,
Merci pour le service rendu a travers tes enquêtes en l’occurrence cet article.
Il y a une question a laquelle j’ai encore besoin d’une réponse: Qu’en pense le roi M6, qu’en sait-il?
Il est évident que des membres de son entourage considère le Maroc comme leur propriété privée, ils se permettent ce que bon leur semble. Ils agissent dans le prolongement des années de plomb.
Maintenant, il s’agit de savoir laquelle des deux suppositions est crédible:
1- M6 fait un branding cohérent avec le fond de son cœur, a savoir, le roi des pauvres, volonté de démocratiser et moderniser le pays, de lutter contre la pauvreté et de rétablir la dignité du marocain lambda, etc.
2- Tout ce branding n’est que pour soigner l’image de la monarchie envers l’extérieur, mais continuer a sucer le sang des marocains. Dans ce cas, je peux comprendre le comportement des gens comme Majidi … Le Prince de Machiavel est toujours d’actualité.
Jusqu’à preuve du contraire, je continue de croire en le cas 1 et j’attends que des articles comme le votre lui donnent l’opportunité de faire le ménage dans son entourage et virer ceux qui pèsent de leur poids pour que le Maroc reste dans le moyen âge, des personnes dont le Maroc n’a pas besoin.
Dans le cas ou le roi M6 continue de soutenir des Majidi, alors, la nouvelle constitution n’est que de la poudre aux yeux, une action marketing qui fait dans le cheap. Le roi perdra ainsi le soutien de beaucoup de ses concitoyens, a commencer par moi.
Dans tous les cas, je suis reconnaissant a tous les marocains qui ont le courage et la patience d’apporter une contribution positive comme tu le fais.
Merci.
Said.
Said, merci pour ce commentaire. Je ne crois plus à l’option 1, hélas, depuis pas mal de temps. Mais je ne crois pas forcement non plus en l’option 2 — a savoir que le roi défend cyniquement Majidi & Co en toute conscience et connaissance de cause. Je ne connais pas la vérité, seuls ceux qui gravitent dans le premier cercle royal la connaissent. Mon hypothèse est que la vérité se situe quelque part entre ces deux options. Où exactement ? Là où le curseur de la psychologie personnelle de Mohammed VI la place. Je ne connais pas cette psychologie, seuls les intimes la connaissent. Mais je suis convaincu qu’elle est un facteur explicatif capital de la situation actuelle du Maroc.
Merci infiniment pour ce beau travail. Quel effort ! Je ne suis pas surpris qu’un journaliste chevronné comme vous traite aussi brillamment un tel dossier. En vous lisant, on comprend mieux l’ampleur de la lapidation des deniers publics. Au mMroc, on a droit à tout : conflit d’intérêts, corruption, abus de pouvoir, et cerise sur le gâteau, avec l’aide d’un gouvernement de marionnettes. Merci encore une fois.
Un lecteur assidu depuis votre passage à TelQuel jusqu’à ce jour.
Mr. Ahmed Addoukali dit “l’autiste”, Mr I., ainsi que Mme Khadija : je reste admiratif de votre intelligence. Vous avez tout compris… et du coup, l’article ne vous est pas adressé car il ne vous apporte rien. Alors, laissez nous avec Mr. Benchemsi dans notre bêtise. Mr. Benchemsi, continuez, SVP, à nous abreuver de ce genre de bêtises. Nous en avons drôlement besoin. Merci et bonne continuation.
Vous faites maintenant du journalisme d’intention. Excellent! On devrait l’introduire dans les écoles de journalisme
Oui, libre vous l’êtes. Et puissant aussi, grâce à la crédibilité dont vous avez pu jouir tout au long de votre carrière journalistique construite au Maroc en toute liberté.
Mr Benchemsi,
J’apprécie la passion et la hargne de votre essai de contre-argumentation.
Mais je suis surpris par la nature de vos arguments : psychologiques en vous imiscant dans mon inconscient, vos presomptions de proximité me concernant, et ceci, aussitôt que je me suis autorisé à exprimer une opinion différente de la votre. Un vrai procès de position et d’intention.
Pour ma part, mon esprit critique et ma vision dépassionnée ne me permettraient pas de vous répondre avec des arguments de vil et pareille nature.
Le fait est que vous vous prenez pour un juge et non un journaliste-chercheur. Ici, il s’agit de juge constitutionnel : désolé de vous dire que vous n’en avez ni les compétences ni la légitimité d’exercer.
Ce n’est pas avec une formation de droit orpheline (NDLR: maitrise a Paris I-Sorbonne, DEA a Sciences Po, Stanford) que vous vous octroyez le droit d’élucider seul un cas pratique de droit constitutionnel marocain sur le trafic d’influence, ainsi que de trancher sur les droits et devoirs d’une personne, qui n’est ni une institution publique ni constitutionnelle.
Au risque d’interrompre votre beau rêve : vous vivez en théorie Mr Benchemsi, et c’est bien plus facile en théorie de vous gargariser d’idéaux, de donner de belles leçons de morale et de rejeter en bloc la réalité.
Vous prêchez pour un modèle de concurrence pure et parfaite, c’est votre droit. Vous prenez comme levier d’argumentation : “l’éthique économique universelle”!!! je ne sais pas de qui émane cette étrange notion, inexistante et pas à la hauteur d’un chercheur à Stanford, car inexsitante en théorie également!
Vous vous enfoncez Mr Benchemsi, dans l’idéalisme et l’illusion de ce que devrait être le business et la vie.
Le business dans la réalité UNIVERSELLE est tout autre. Et nul besoin d’être en désaccord avec vos opinions, pour le savoir aussi bien pour la concurrence pure et parfaite qui n’existe nulle part, que pour l’éthique économique universelle.
Nul besoin d’être courtisan pour admettre que Le secrétariat particulier du Roi n’est pas une instiution publique et encore moins constitutionnelle.
En vertu de quel principe donc (mis à part le droit à la liberté d’expression de conneries) vous permettez-vous à titre personnel d’octroyer ou de réfuter le droit de ce dernier à apporter une affaire ou à être actionnaire au sein d’une société?
Enfin, en ce qui concerne votre inimitié envers M. Majidi, c’est un jugement de faits et non de valeur, et vous le savez parfaitement, mieux que quiconque.
Je vous laisse donc le soin de vivre dans le paradis artificiel de la théorie et de l’éthique universelle, et vous invite à me répondre avec des arguments cohérents qui se tiennent, lorsque vous aurez un neurone dans le monde réel.
Et de grâce, en défenseur de la liberté d’expression que vous êtes, merci de ne pas retoucher le contenu des commentaires que je poste svp, aussi imparfait que vous pourriez juger mon style.
Sans rancunes.
L’impunité dans notre pays règne depuis l’independance et continuera a régner certainement encore longtemps. Nous sommes habitués à voir des sujets brûlants comme celui-ci animer la presse et le débat public pendant un certain temps, puis s’éclipser douuuucement en laissant des stigmates dans le coeur et l’esprit du pauvre contribuable. Triste.
Au risque de contredire Mr Benchemsi et Mr I. Je tiens à vous signaler que outre le fabuleux carcan constitutionnel du trafic d’influence et du conflit d’intérêt, le CODE PENAL MAROCAIN prévoit expressément ces délits pour tout dépositaire de l’autorité public dans son acception la plus large.
En l’espèce, Mr Majidi est présumé avoir effectué un trafic d’influence et bénéficié d’une prise illégale d’intérêt , délits prévus et punis par les articles 250 et 241 du Code pénal.
Mais rassurez-vous, Mr I, vous qui voyez en Mr Majidi le sauveur de la RAM et peut-être même de l’économie nationale, ce dernier ne sera inquiété par aucun procureur, aucune instance de prévention de la corruption, ni aucune Cour des comptes. J’ose même supposer que cette dernière a vu le projet Baysys passer lorsqu’elle rédigeait son rapport sur la RAM, et en a honteusement arraché quelques pages.
Cet article est excellent, mais malheureusement ce dossier va rejoindre le panthéon grandiose des affaires nimbées d’impunité comme l’on sait si bien le faire sous nos cieux.
Toutefois, et comme l’a fait remarqué un commentateur plus haut, le meilleur moyen de faire éclater la vérité et d’en saisir le DOJ américain en vertu de la loi « Foreign Corrupt Practices Act » qui interdit à toute société américaine de se payer les services d’un officiel pour obtenir un marché dans un état étranger.
Ainsi, la société Baysys International serait obligée de s’expliquer sur chaque détail de ce deal.
Merci, Si Rachid, pour cette très utile précision. Je retire donc et je rectifie : le trafic d’influence est bel et bien puni par le code pénal marocain. Voici comment l’article 250 le définit:
“Traité conclu avec une administration placée sous le contrôle de la puissance publique” : cf. PV du 14 septembre 2010 de la Royal Air Maroc faisant état d’un accord d’investissement conjoint avec New Assets SARL (appartenant à M. Majidi), dans BaySys Morocco SA (appartenant à M. Majidi).
“Décision favorable d’une autorité publique”: décret n°2-10-617 du 1er février 2011 signé par le Premier ministre Abbas El Fassi et le ministre des Finances Salaheddine Mezouar, autorisant la Royal Air Maroc à prendre une participation dans le capital de BaySys Morocco SA (appartenant à M. Majidi), aux côtés de New Assets SARL (appartenant à M. Majidi), publié dans le Bulletin Officiel n° 5918 paru le 17 février 2011, p. 241.
Fonctionnaire public: Toute personne au service d’une institution représentant l’Etat, et payée au titre d’une ligne budgétaire programmée dans la loi de Finances votée par le Parlement. Le secrétaire particulier du roi du Maroc est payé sur la ligne budgétaire “frais de fonctionnement” du poste “Cour royale”, rubrique “personnel”. Selon cette définition, Mohamed Mounir Majidi est indiscutablement un “fonctionnaire public”.
Voilà donc les éléments d’une éventuelle poursuite judiciaire… qui n’aura jamais lieu, comme le dit si bien Si Rachid, car le système qui permet tout cela est vicié à la base, y compris et surtout au niveau de son corps judiciaire.
A.B
Bravo Monsieur Benchemsi. Le plus beau des courages, c’est le courage des idées. “Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent” (Victor Hugo).
Si Ahmed, Beau travail !
Une petite question : Auriez vous fait ce meme travail d’investigation si ce n’etait pas Majidi qui etait actionnaire mais un autre haut fonctionnaire ? Je pense que des affaires comme cela (ou similaires) impliquant des hauts fonctionnaires de l’Etat sont legion dans notre pays, et qu’il faut leur accorder aussi de l’interet et les diffuser sur des medias tels que le votre.
Un petit mot à Mr. I
Si l’affaire était aussi saine et transparente que vous le laissez entendre, pourquoi la RAM s’est-elle donnée la peine de diffuser son fameux communiqué à la vitesse d’un F16 ? N’est-ce pas là le signe qu’il y a le feu dans la demeure ? Je pense que le “roi de l’affichage” s’est retrouvé encore une fois dans une sale affaire, qui nous rappelle l’histoire du terrain des Habous à Taroudant. Allez-vous le défendre aussi dans cette affaire-là, Mr I, parce qu’il a “boosté l’économie de la région” ?
Merci, Ahmed, pour le professionnalisme et bravo pour le courage.
L’accusation – fortement matinée d’agressivité – de nager dans le monde éthéré “de la théorie et de l’éthique universelle” est évidemment un hommage, venant d’un lecteur pour lequel il s’agit de pratiques tout à fait normales, acceptables, voire louables.
La question est de savoir quelle suite pratique aura une telle affaire.
Initier la piste du DOJ, pour que tous les détails de la tentative d’escroquerie soient mis au jour demanderait des moyens considérables. Celle de faire porter l’information dans les médias américains me semble plus porteuse d’effet immédiat.
Evidemment, les plus gros fusibles ne sautent que lorsque la tension monte de quelques crans.
L’histoire du makhzen – enfin, celle du makhzen de l’époque qui a précédé celle “des copains et des coquins” – est riche de chutes vertigineuses ( avec “Tatrik”) de “puissants” ayant amplement abusé de leur position. C’est le prix à payer pour un “changement” afin que rien ne change.
Evidemment, en attendant, cela pourrait alimenter une édition revue et augmentée de ‘notre ami le roi prédateur’ – une ride sur l’eau.
Les idées justes – et le sentiment de l’injusice – ne deviennent de grandes forces capables de changer le monde que lorsqu’elles s’emparent de la grande masse. Il y aura d’autres 20 Février…
Merci Si Ahmed, sur le fond et sur la forme.
Les Marocaines et Marocains épris de citoyenneté et jaloux des deniers publics devraient capitaliser sur toutes ces informations. Nous devons reconstruire notre capacité à porter des coups bien placés, et qui font mal, au système despotique et corrompu qui nous gouverne.
Bravo cher Ahmed pour ce bel exercice de journalisme et d’investigation. Bonne continuation à ton blog, qui a rejoint le volet de mes favoris
Je souhaite réagir au commentaire de Koumina plus haut qui évoque les alliances familiales et corriger ses assertions :
1. Fihr El Fassi (le fils de Abbas El Fassi) a été DG de FC Com jusqu’en 2010 mais ne l’est plus depuis.
2. Nadia Fassi-Fehri, (fille de Mohamed Fassi-Fehri le DG de CDG Developpement) est aujourd’hui la nouvelle directrice de FC Com et quelques autres sociétés de Majidi.
Nadia Fassi-Fehri est diplômée de Polytechnique & Ponts et Chaussées, elle a été directrice à l’ONA et à Managem en charge de la mine d’or.
L’on remarque ici, que Majidi a fait le chasseur de tête en se servant directement dans le vivier du roi…
Si Ahmed, merci et bravo pour cette enquête. Quant aux commentateurs qui persistent à ne pas voir de trafic trafic d’influence dans cette affaire, je rappelle que la société d’affichage FC Com est coutumière du genre. Souvenez vous des conditions octroyées à cette même société par le conseil communal de Casablanca…
Excellent article Monsieur Benchemsi. Permettez moi de soulever un doute quant à des déclinaisons probables mais pas encore démontrées. Vous établissez des liens à la manière d’un enquêteur de police, vous émettez des hypothèses, mais vous n’apportez pas de preuves.
1- Monsieur Majidi peut s’y intéresser à titre personnel comme tout investisseur avisé. En admettant que les chiffres sur base desquels, la RAM à introduit sa demande au gouvernement ne semblent pas plausible, Peut-on lui reprocher les manquements d’un autre organisme – quel qu’il soit – qu’il ne relève pas de ses compétences directes ?
2 – Si l’affaire n’a pas été conclue, nous pourrions envisager – comme hypothèse plausible qui en vaut d’autres – qu’il s’agit du souci des acteurs de préserver les deniers publics.
Monsieur Benchemsi, ne confondons pas le journalisme d’investigation avec le journalise d’accusation. On passe facilement de l’hypothèse à la rumeur et de la rumeur à la vindicte publique.
Jalal
1. Je ne reproche pas à M. Majidi les manquements de la RAM. Je remets les choses dans leur contexte : un contexte où les commis de l’Etat ne pèsent plus rien dès lors que le secrétaire particulier du roi entre en ligne.
2. Non, l’hypothèse n’est pas plausible. Quand on veut préserver les deniers publics, on ne monte pas une usine à gaz comme celle ci. Il faut être un minimum cohérent.
Merci pour vos réponses.
Merci Ahmed pour faire éclater cette affaire au grand jour !
La lecture du Roi prédateur m’a horrifié des manigences et du pouvoir qui parait sans limite de Mounir El Majidi ! Cet homme mérite la guillotine ! Quand des affaires pareilles éclatent au grand jour , et dieu sait combien elles sont nombreuses,et comme toujours ne donnent lieu a aucune suite , je sens que ma dignité de citoyen marocain est violée et que nous ne sommes en fin de compte que les larbins de Majidi & Co .
La guillotine ga3? N’exagérons rien. Il y a des lois dans ce pays (notamment l’article 250 du code pénal — cf. mon commentaire, plus haut). Il suffirait de les appliquer. Hélas, dans les conditions actuelles cela semble irréalisable. C’est surtout la paralysie des contre-pouvoirs qui est attentatoire à la dignité des citoyens.
Le modus opérandi de cette histoire me rappelle étrangement celui d’une autre affaire d’investissement destinée a récolter les fruits d’un sens des affaires hors du commun. Au début des années 2000, M. Majidi était devenu actionnaire principal d’un petit distributeur de Méditelecom, GSM al Maghrib, qui deviendra par la suite, et par l’opération du saint esprit, une filiale de Maroc Telecom… fort opportunément, au moment où Maroc Telecom ouvrait son capital à Vivendi. Il serait plus qu’intéressant de savoir ce que l’opération a apporté au juste à M. Majidi et à son associé de l’époque, Farid Amrouni.
A l’auteur du message commençant par “Ce week-end avec des amis…”
Merci pour le commentaire que vous m’avez soumis. Je ne peux le publier parce qu’il comporte des informations précises, au sujet desquelles je n’ai pas de preuves. Néanmoins, si vous me laissez une adresse email fonctionnelle, je vous contacterai et nous pourrons poursuivre cet échange.
Merci.
Ravi d’apprendre l’existence de ton blog grâce à cet article qui montre une fois de plus, et de façon implacable, ce que les démocraties occidentales refusent toujours d’admettre : l’état lamentable d’arbitraire et de corruption du Maroc. Merci, Ahmed, pour ce travail plus qu’utile. A quand une enquête sur les liens économiques entre les sociétés royales d’investissement et nos “démocraties occidentales” ? J’imagine qu’il doit y avoir dans ce sujet qques réponses à une question que je me pose depuis un certain temps : pourquoi le printemps arabe tunisien n’a eu aucune conséquence (ou si peu…) sur les relations Europe-Maroc. A très bientôt, Pierre
Bonjour, je tombe par hasard sur cet article qui concerne nos voisins marocains (je suis Algérien). Je pensais que l’Algérie avait le monopole régional de ce type de montages hallucinants et suintant de corruption. C’était compter sans l’ingéniosité d’un Majidi… Nous sommes patients et un jour, cela finira par payer et des têtes tomberont… Votre Majidi a certainement déjà commencé a placer ses sous (ç.à.d les vôtres) au chaud dans les îles vierges britanniques. Mais lui et le système qui le soutient auront échoué dans une chose : rentrer dans l’Histoire. Marocains et Algériens, aurons-nous un jour le courage d’un vrai printemps Arabe?
Benchemsi, you are nothing but a traitor who betrayed his country and people. I truly believe that even the lowest of the low in this earth is above your status. Rats usually end-up creating their own doom by getting in the gutters.
Tremendous article as usual Sir, well done
Let’s be honest here: it’s always about interests and business. To hell with the constitution and the law! I hate to say that, but it’s exactly how it works!
Tout d’abord j’aimerai vous féliciter pour cet article, et je tiens à dire que ce n est que le sommet de l’iceberg le pire est enfoncé sous l eau et malheureusement continue à grossir ,j’espère qu un jour nos tribunaux pourront condamner ces crimes qui forment la source de la misère marocaine
Bravo pour ce travail journalistique rigoureux et limpide.
Dire qu’on est au 21ème siècle, certaines personnes n’ont peur de rien (mise à part de quelques uns)…